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autour de nous… Grand Dieu ! pourquoi ne sommes-nous point plus vertueux, quand de tels prodiges frappent notre vue. C’est au moment où je trahissais les droits de l’hospitalité, que j’ai revu mon père… Était-ce ainsi qu’il devait me retrouver ? Ah ! Maxime, pourquoi n’ai-je jamais tenu les solides promesses que je me suis faites à moi-même ? quel penchant irrésistible me pousse dans une route qui ne peut que me conduire à ma perte ? Philippe ne changeras-tu pas, ne veux-tu pas te rendre digne d’Honorée ? Oui, il faut que sans retour, je renonce à de faciles plaisirs qui tôt ou tard me précipiteront dans une épouvantable série de malheurs. Reviens vers moi, sagesse que j’ai trop longtemps méprisée, viens me conduire au bonheur, il n’existe point dans les passions.

Tandis que je faisais ces réflexions morales, il m’est venu dans la pensée d’aller parcourir le jardin au moment où l’aurore l’éclairait de ses premiers rayons. J’ai pris mon épée qui ne me quitte point, et pour cause ; franchissant les degrés du grand escalier, je me suis rendu sur la terrasse ; insensiblement j’ai porté mes pas plus loin ; je suis entré dans le parc, et suivant le cours d’un ruisseau qui le baigne, je me suis trouvé devant une petite porte qui conduisait dans la campagne ; poussé par je ne sais quel sentiment, je l’ai ouverte, et me voilà courant les champs ; non loin du bois