Page:Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, 1887.djvu/458

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169

place, objets incertains, mais tristes présages de quelque événement sinistre : j’ai vu des piques, des bonnets rouges, des instruments de mort ; j’ai vu le sang couler ; une fumée épaisse est venue m’environner ; alors j’ai senti une main glacée se poser sur mon front ; le froid qu’elle m’a occasionné a été si grand, que je me suis réveillé en sursaut. Qu’ai-je vu, Maxime ! est-ce une illusion ! Debout auprès du lit dans lequel je reposais avec Anaïs, j’ai aperçu avec effroi une ombre silencieuse, et dont les traits… Maxime, c’était mon père !!! À son aspect, un cri épouvantable m’est échappé ; je me suis précipité de la couche vers le fantôme ; mais lui s’est évanoui en me disant, d’une voix lugubre : Vengeance !! Éveillé par le cri que j’avais poussé, Anaïs est accourue ; elle m’a demandé la cause de la terreur qui respirait dans mes yeux : je n’ai su que lui dire. J’ai parlé d’un songe, elle a voulu me le faire oublier dans ses bras. Je n’ai pu m’y résoudre, j’ai promptement regagné ma chambre ; le jour commençait à luire, j’ai ouvert ma fenêtre et me suis mis profondément à réfléchir.

Voilà la troisième fois que cette ombre chérie se présente à moi, ses apparitions se sont trop multipliées pour n’être que le jeu de mon imagination ; il est donc des causes qui font franchir aux âmes les barrières qui les séparent de ce monde, elles errent donc quelquefois