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poussé du désir de revoir des amis qui me sont chers, frappé surtout de l’aventure surnaturelle dont je t’ai entretenu dans ma dernière lettre, tout me décida ; après avoir fait de tendres adieux à Apollonie, ainsi qu’à ses rivales Pauline, Héloïse, Cyprienne, Anastasie[1], après leur avoir donné l’assurance d’un prompt retour, je m’éloignai avec un vif regret d’un lieu où j’avais passé des moments bien agréables.

Par une bizarrerie qui m’étonne moi-même, je ne voulus point faire la route dans ma berline, quoique je l’eusse fait venir à dessein de Nantes ; j’enfourchai un cheval d’humeur assez pacifique. Je me fais escorter de Robert, et nous voilà courant les grands chemins, et cherchant les aventures.

La chaleur de la journée avait été excessive, l’air était lourd, de gros nuages le couvraient, ils avaient fort mauvaise mine, j’espérais pourtant que ce ne serait qu’une menace d’orage, quand un éclair rapide, suivi d’un coup de tonnerre, fit crever les nuées en peu de minutes ; la pluie commença à tomber par torrents ; fort peu jaloux d’essuyer une pareille averse, nous pressâmes le pas de nos chevaux en les dirigeant vers un château que nous apercevions sur notre

  1. Les lettres dans lesquelles il était question des aventures du vicomte Philippe, avec ces demoiselles, ne se sont pas retrouvées.