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elle se prolongeait ensuite du côté de l’aile qui faisait face à un grand jardin, dans le coin duquel se trouvait un immense cabinet, formé de treillages, de chèvrefeuille, de vignes, etc., etc. Ce fut par-là que je décidai d’entreprendre ma délivrance. Passant mes jambes par-dessus la balustrade de fer, je fus chercher mon point d’appui sur la cime du dôme du cabinet ; alors j’ôte mes mains encore attachées aux balustres, je veux les conduire vers un des côtés du treillage, quand, faisant un faux mouvement, je perds l’équilibre : mon corps pesant de tout son poids, entraîne avec lui et le chèvrefeuille, et les roses, et les bois ; nous tombons pêle-mêle, je m’écorche, je me déchire, tout mon corps saigne, et le cabinet est entièrement écrasé. Étourdi par ma chute, je fus quelques instants sans pouvoir me remuer ; enfin, la douleur, le besoin de mon lit me firent faire quelques efforts après plus d’une tentative infructueuse, je parvins à m’arracher à ce tombeau de verdure ; mais, mon cher Maxime, je n’étais pas au bout de mes peines. J’avais franchi, enjambé les débris dont la terre était couverte, je me préparais à aller ouvrir une porte qui donnait dans un corridor, quand un gros vilain chien de chasse fort mon ami, au grand jour, mais ne me reconnaissant point à cette heure comme à mon grotesque équipage, vient à moi en toute hâte, grognant presque et ayant