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plus belles à mes yeux, que vous faites de moi tour à tour l’aquilon ou le soleil.

GABRIEL.

Aux jours heureux de mon bonheur, je ne chantais que le plaisir, enfant du contentement ; aujourd’hui, mes romances ne peignent que l’Amour en deuil et désolé.

PHILIPPE.

Cela fait toujours naître de la variété dans les sujets.

GABRIEL, me tendant ses dix ou douze volumes.

Lisez, lisez, monsieur, et votre cœur est formé d’un triple bronze s’il n’est point ému de mes récits.

PHILIPPE pâlissant.

Douze volumes d’élégies, monsieur ! une seule suffit pour me convaincre. Non, monsieur, je ne les lirai pas, je suis trop sensible, vous êtes trop éloquent, je fondrais en larmes, vous me verriez bientôt pleurer comme une biche.

GABRIEL.

Timide animal, paisible habitant des forêts il ne connaît point les tourments de la jalousie, qui déchirent mon âme souffrante.

PHILIPPE.

Vous êtes jaloux ? je vous plains, monsieur.