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grandeur et d’une beauté rares, sa bouche bien meublée, son sein des mieux formés ; elle a surtout un charme que je n’ai vu qu’à elle, c’est la triple réunion de la coquetterie, de la volupté, de l’ingénuité la plus complète. Regardez sa figure, elle vous rappellera les vierges de Raphaël ; bientôt son coup d’œil rapide allumera plus d’un espoir, et ses caresses emportées ne laisseront rien à désirer au mortel qui la pressera dans ses bras. Elle est aimable sans prétentions, capricieuse à l’excès, facile à courroucer, boudeuse par accès, tendre par nature, sensible, quelquefois maligne avec gaîté, étourdie sans y penser, faible par nonchalance, impérieuse, impertinente par caractère, parleuse avec abandon, ne pouvant garder un secret, en faisant un de la plus ordinaire démarche, timide avec les indifférents, hardie avec audace, affrontant ce qui épouvante un homme, brûlante dans son délire, froide dans la société ; mais toujours séduisante, mais toujours assurée de plaire, dès qu’elle paraît ou dès qu’elle le veut.

À Nantes Apollonie serait suivie, à M.... elle m’apparut comme une divinité que l’amour m’envoyait pour me faire passer des instants agréables ; la voir, lui parler du sentiment subit qu’elle avait fait naître, fut mon premier mouvement : elle rougit beaucoup à cette déclaration imprévue, me parla d’estime, me désespéra par la froideur de ses propos, mais