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tes assommants ; il rappelle toutes ses actions, il fait grand bruit de la fonction dont il est revêtu, il s’érige en petit tyran devant ses administrés, et tremble à l’aspect du sous-préfet ; sa mémoire est bourrée d’une foule d’histoires sans pareilles, il est l’analyste de la ville, le Cicerone né de tous les curieux, il est l’objet de l’admiration de sa famille, et dans la ville, lorsqu’il cite une date à faux, on s’écrie : « Il est chronologiste à l’égal du père Pétau. »

Ce qui le rend moins maussade à mes yeux, c’est qu’il est l’oncle d’une jeune et jolie personne aimable au possible, et n’ayant rien de la pédanterie de son tuteur ; je te parlerai d’elle après que j’aurai signalé à tes yeux deux ou trois autres originaux que tu ne seras pas fâché de connaître.

M. Bastier se présente d’abord : M. Bastier, littérateur profond, chargé de droit de la rédaction de tous les épithalames, bouquets, devises en vers, qui harangua une fois l’évêque diocésain, et qui même a vu deux de ses énigmes imprimées en 1774 dans le Mercure, avec son nom et ses qualités ; il a lu Racine, il parle d’Horace, il sait tout Baour par cœur, aussi on se l’arrache, ses vers sont mendiés ; il a fait, par une chanson, la réputation de sa première maîtresse, et lui-même dut sa première renommée à six bouts-rimés qu’il remplit avant quinze jours : et sa sœur Janika, elle n’a aimé qu’une fois, elle a épousé l’objet