Page:Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, 1887.djvu/401

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
112

— « C’est ici que tu recevras la mort, » s’écrie Émilien et trois autres misérables, en se précipitant dans la chambre.

— « Scélérats ! m’écriai-je ; » et plus prompt que la foudre je me mets en défense.

Tu ne dois pas avoir oublié, mon cher Maxime, que j’avais pris dans mon manteau ma fidèle épée et je l’avais mise à mon côté par une sorte de pressentiment, lorsque je me déguisai en militaire. En même temps que je la tire du fourreau, je me jette dans un des angles de la chambre, certain de cette façon de n’être pas pris en traître par derrière. Tu sais que je puis me dire, sans vanité, l’une des meilleures lames de France, mais contre quatre brigands ayant juré ma mort la partie n’est pas égale et je ne songe plus qu’à vendre chèrement ma vie. Heureusement pour moi, les coquins n’osent se servir de leurs pistolets, dans la crainte d’attirer du monde et se contentent de me menacer de leurs épées. Je réussis cependant à parer les coups qu’ils me portent de toute part et tandis que l’un d’eux se découvre un instant, mon fer part comme une flèche et touche en pleine poitrine le misérable qui tombe baigné dans son sang. Un adversaire de moins pour moi, sans doute, mais le sort de leur compagnon ne fait qu’exciter la fureur des autres, ils redoublent leurs assauts, je me défends encore avec succès, mais je sens mes forces