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avez indignement délaissée ; vous êtes un monstre. »

— « Y songes-tu, mon enfant ; mais voilà un mot que tu voles aux boudoirs. »

— « Je l’ai pris dans ma tête. »

— « Heureusement qu’elle ne touche pas le

cœur ; cependant si tu as quelque envie d’écouter

ma justification, monte aux secondes loges, no 9, à gauche, je te suivrai dans la minute. »

Fanchette, tout en me jurant qu’elle ne s’y rendrait pas, me fit répéter l’adresse que je venais de lui nommer, et va m’attendre ; j’allais courir après elle lorsqu’un nouveau masque habillé en jockey me saisissant par la main, me dit :

— « Si M. d’Oransai veut apprendre des nouvelles de sa cousine Honorée, il n’a qu’à me suivre. »

— « Jusqu’au bout de l’univers, lui dis-je impétueusement ; où faut-il que j’aille ? »

— « À deux pas d’ici. »

— « Marchez. »

Je dis, et sans plus réfléchir je cours à ma perte ; le jockey traverse toute la salle, sort par une galerie détournée, me fait monter un escalier assez étroit ; nous arrivons dans une chambre sans meubles, éclairée par une lampe qui pend à la voûte.

« Est-ce ici, lui demandai-je, que je recevrai les nouvelles que vous m’avez annoncées ? »