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au secours. Le marchand dont il avait occasionné la chute, et qui était sorti pour satisfaire à ses besoins, entendant le vacarme, ne sachant quel est celui qui est tombé avec lui, craignant d’être attaqué par des voleurs, distribue de nombreux coups de poings au chanoine en criant aussi à l’assassin. L’hôte, sa femme, ses servantes, les palefreniers se lèvent ; les chats miaulent, les chiens aboient ; les femmes pleurent : on appelle la garde. L’hôte, pour montrer sa bravoure, tire en l’air un pistolet chargé à poudre. À cette explosion la terreur est à son comble, on crie, on hurle de plus belle.

Pendant tout ce vacarme, Alexandre, abandonnant Lucile, s’était retiré dans sa chambre. Madame d’Hecmon, à demi morte de peur, n’osait faire un mouvement. Enfin on apporte des lumières ; le chanoine court à la chambre du gentilhomme, qu’il croit être celle d’Alexandre ; et de quel étonnement n’est-il point frappé, lorsqu’il voit sa nièce serrant le gentilhomme dans ses bras et celui-ci sensible à sa bonne fortune, ne s’apercevant pas du fracas qui se faisait autour de lui ! À la vue de son oncle, et plus encore à la vue de celui qu’elle prit pour Alexandre, madame d’Hecmon heurtant le domestique qui portait la lumière, trébuche sur lui, le chanoine sur elle, le gentilhomme sur le chanoine. À ce nouveau bruit, les servantes tombent sur les palefreniers ; l’hôte qui montait l’escalier est renversé sur