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— « Je m’étonne que ton art ne t’aie point appris combien le mien était supérieur. »

— « Si peu de chose ne m’occupe pas, c’est ton horoscope qui depuis quelques jours est le sujet de mes travaux. !

— « Eh ! bon Dieu ! pourquoi mon sort futur te présente-t-il un si grand intérêt ? »

— « Je ne puis te répondre. Veux-tu que je t’apprenne ce qui doit t’arriver ? »

— « Tu me charmeras. !

— « Auparavant il faut que je te dise tout ce que tu as déjà fait. Ta cousine Honorée est l’objet de ton véritable amour. Un homme a cherché d’abord à vous désunir, tu l’as vaincu partout, et dans le vieux château il est tombé sous ton épée ; ta cousine a fui vers l’Angleterre ; pendant ton absence, tu as oublié les serments que tu lui fis ; une Clotilde l’a remplacée mais bientôt tu as rompu avec cette dernière ; elle en a conçu une rage violente ; ce matin elle a empoisonné la tasse de chocolat qu’elle t’avait destinée ; son amour t’a encore sauvé, et maintenant je ne vois luire pour toi, dans l’avenir que des jours exempts de traverses. !

— « Oui, nous dit d’une voix basse un inconnu masqué en Polonais, s’il parvient à passer cette nuit qui doit être bien orageuse. »

Le magicien me parut frémir, il me quitta précipitamment, et à son exemple, le Polonais se perdit dans la foule. Resté seul, ne vou-