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naissance ; on la nomme Clara de Lanval ; elle n’est point jolie, cependant elle plaît ; il y a dans sa personne un certain je ne sais quoi qui attire et qui attache ; enfin, s’il faut te le dire, je lui ai fait une déclaration ; comme je suis parfois leste en amour, le premier jour où Clara s’est offerte à ma vue, est celui où je lui ai avoué la subite, „irrésistible” impulsion qui m’entraînait vers elle. Attendu que mademoiselle de Lanval était sans doute dans un moment où les adorateurs la délaissaient, elle m’a accueilli avec une façon encourageante pour un cavalier encore moins avancé que moi. Je ne sais s’il me faudra filer le roman avec elle ; n’importe ! je suis décidé à tout, car il me tarde étrangement de me déclotiliser. J’ai besoin de revenir à de plus douces impressions, Célénie me devient tous les jours plus indifférente, et franchement M. T..... l’emporte sur moi. Il faut que je dise adieu au théâtre, aux magiciens, et que je rentre dans la société dont je n’eusse jamais dû sortir. Je vois autour de moi briller de jeunes beautés dont je prétends me rapprocher ; je pense qu’une telle résolution te charmera, et en lisant cette lettre, tu ne pourras t’empêcher de t’écrier, je gage : Vive Philippe ! il devient un ci-devant. Oui ! je veux l’être, je veux devenir digne de toi ; car, après tes parents et tes titres, tu n’aimes personne autant que tu chéris le vicomte d’Oransai. Pour lui