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moi d’avoir eu un instant de fantaisie pour une créature pareille ; passe-moi le mot. Tout ce que la turpitude la plus infâme, la bassesse la plus odieuse, la scélératesse la plus détestable ont pu inventer de plus noir, tout, dis-je, est réuni dans l’âme de Clotilde, Enfin, j’ai décidément rompu avec elle ce matin, je veux aller lui porter ses lettres, son portrait, etc., etc. J’ai longtemps réfléchi pour me décider à faire cette démarche, je l’ai enfin jugée nécessaire pour parer à une foule d’inconvénients qui pourraient naître de mon refus. Je me fais une idée de toute la bourrasque que je vais essuyer, ainsi elle sera moins terrible, d’ailleurs ce sera pour la dernière fois. Je suis résolu d’opposer le plus grand flegme à son emportement indomptable, je lui laisserai tout le temps de m’injurier, je compte ne me retirer que lorsqu’elle n’aura plus rien à me dire ; comme je dîne chez Charles de Mercourt, et que de là nous allons ensemble au bal qui se prépare pour ce soir, je ne reviendrai pas à l’hôtel de toute la journée, ni de la nuit.

Madame de Ternadek m’a promis de me faire intriguer par quatre ou cinq masques malins par-delà toute expression ; je les attendrai de pied ferme ; j’espère au bal me dédommager des ennuis de la matinée. Le nom de madame de Ternadek me rappelle une jeune personne dont elle m’a fait faire la con-