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cheminée à l’antique se présente : il s’y blottit après avoir dressé contre lui une malle assez grande qui se trouvait dans la chambre. Célénie, en se prêtant à ses préparatif, riait aux larmes, bien contente que je vinsse la délivrer des attaques d’un homme qu’elle ne pouvait souffrir ; j’ouvris enfin la porte.

— Ah ! te voilà, ma belle, dis-je à Célénie, toujours fraîche, toujours jolie ; quelle bouche vermeille, quel sein arrondi !

Elle se débattait, me faisait des signes que je ne voulais pas comprendre, je vais plus avant ; et à la barbe de mon vilain, je fais ce qu’il enrageait de n’avoir pu faire ; l’acte fut long à se jouer, j’y revins encore, et quand il me prit fantaisie de me contenter de causer, je m’asseois sur une chaise que je renverse contre la malle, la malle à son tour se renverse sur l’homme à la cheminée, et pendant que je le presse horriblement, j’entame un long discours sur son compte, je dis de lui tout ce qu’on peut en dire, je signifie à Célénie que je ne prétends pas qu’il courre sur mes brisées, et comme je sais qu’il est passablement poltron, j’ajoute que s’il réitère ses tentatives, son rang ne le mettra pas à l’abri d’une punition peu agréable. Je demeurai près de trois heures parlant dans ce style, tandis que M. T..... éprouvait les doubles angoisses du physique souffrant et de l’amour-propre offensé. Lorsqu’il me plut