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fâchée de ne pas s’être trouvée chez elle.

— Bon, ai-je dit, je vais l’attendre.

— Mais pardon, il faut que je sorte.

— Et moi il faut que je reste.

— Tout seul ? vous vous ennuyerez.

— J’ai un livre dans ma poche.

— Comment entrerez-vous ? j’ai pris la clef.

— Mais j’entrerai comme est entré celui qui me précédait.

Je dis, et la poussant de côté, je monte l’escalier avec vitesse ; la maman qui ne doute plus que je ne sache tout, connaissant ma mauvaise tête, au lieu de me suivre, se sauve ne voulant pas être le témoin de la scène qui va avoir lieu ; pour moi, quelle que fût mon envie de rire, j’avais assez de prudence pour ne pas vouloir attaquer de front un homme puissant : aussi, avant d’entrer, je fais du bruit, je chante, j’arrange mes bas ; enfin, je donne à M. T..... le temps de faire retraite ; mais comme il n’y avait qu’une seule porte et que je l’assiégeais, la fuite était impossible ; d’un autre côté la chambre dans laquelle il était n’avait aucun réduit, aucun cabinet qui pussent servir à se cacher ; cependant M. T..... sentait combien il était peu convenable, peu décent pour lui d’être surpris par un étourdi qui, en divulguant cette rencontre, allait le rendre la fable de la ville. Que faire cependant ? où se fourrer ? une immense