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Celle-ci touchée de l’entendre grelotter, quoiqu’on fût dans la canicule, l’assura qu’il pouvait sans la déranger prendre place dans son lit, et que dans cette position ils causeront avec plus de liberté. L’étourdi ne se le fait pas redire, il entre dans la couche virginale ; dès lors il ne tremble plus ; Lucile elle-même sent une chaleur extrême qui la dévore ; Alexandre s’approche d’elle, il presse un sein qui bondit sous sa main caressante ; bientôt leurs bras s’enlacent, leurs bouches se pressent, leurs corps se rapprochent, la jeunesse s’unit à la jeunesse, la beauté à la vigueur, et sous mille baisers s’étouffe le premier cri du plaisir, que le savant Montaigne assure être le dernier de la sagesse.

Ah ! s’écriait Lucile dans ce moment de bonheur : combien mon petit cousin est loin du bel Alexandre ! et la curieuse ne se lassait point de parcourir, de tâter ; et ses attouchements allumaient de nouvelles flammes dans les sens de son heureux vainqueur ; et Alexandre, véritablement transporté se disait : Lorsqu’il fait nuit l’esprit est bien inutile. Néanmoins, comme chaque chose a son terme, et que le flambeau de l’amour est sujet à s’éteindre comme la moindre bougie, Alexandre cherchant à prendre un peu de repos, qui pût lui rendre ce qu’un violent et rapide exercice venait de lui enlever, se couche sur le sein qui le presse, et dans un repos rempli de char-