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lait une mission secrète. Léopold, forcé de revenir en France, m’a emmenée avec lui, et le plus grand plaisir qu’il ait pu me faire, est, sans contredit, celui qui m’a rapprochée de Philippe. »

Ici ma cousine Honorée termina son récit. De quel étonnement ne fus-je point frappé, à l’instant où elle m’apprit la résurrection de Saint-Clair ?

« Se peut-il, m’écriai-je, que ma vengeance ait pû être trompée ! ce monstre échappe au trépas, et s’il ne périt, notre existence sera toujours troublée par lui. Ô Léopold ! parais et accorde-moi une grâce : que Saint-Clair combatte contre moi ; je me charge, pour cette fois, de délivrer la terre de ce scélérat sanguinaire. »

Comme je disais, Léopold, en effet, ouvrit la porte de la chambre qui nous renfermait.

« Ô Philippe, me dit-il, ce Saint-Clair, ce vil assassin m’a échappé, et jusqu’aujourd’hui il a su déconcerter les tentatives que j’ai formées pour me ressaisir de sa personne ; prenez cette bague que vous offrent les puissances et les invisibles, elle pourra vous être d’un grand secours dans quelques moments de votre vie. »

J’acceptai avec reconnaissance ce présent de l’amitié ; content d’être avec Honorée et Léopold, je passai des instans bien agréables ; enfin le sommeil vint me saisir ; Léopold qui