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prompts à se montrer, et ministres des vengeances célestes, le châtiment marche toujours avec eux. Disparais, poursuivit-il, va dans des cachots pleurer ta fureur trompée, et ressouviens-toi que la mort te frappera si tu recommences tes forfaits. »

L’inconnu n’a point achevé, que déjà Saint-Clair a disparu sous une trappe qui l’engloutit, et je l’entends pousser des hurlemens, témoignage des supplices qu’il éprouve.

« Pour vous, madame, me dit alors Léopold car c’était lui, les portes de votre prison vous sont ouvertes ; venez, par votre présence, consoler un père et des amis qui pleurent votre perte. »

Je passerai rapidement sur ce qui arriva ensuite. Léopold me quitta un moment, puis il reparut sous un costume plus ordinaire ; il m’apprit que la femme par laquelle j’avais été reçue avait partagé avec les complices de Saint-Clair, sa prison et son châtiment. La même voiture qui avait servi à me conduire dans ce mystérieux château, me ramena à Londres ; Léopold m’accompagna pendant la route. Tu devines la joie de mon père, celle du marquis quand ils me revirent ; le duc de Barene se lia bientôt avec Léopold : la confiance qu’il ne tarda pas à avoir en lui fut si grande, qu’il n’a point hésité à me confier à ses soins pendant que lui, mon père, était contraint de passer en Russie, où l’appe-