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LES TROIS INTERROGATEURS.

Philippe d’Oransai est digne d’être le témoin de nos mystères.

Dès qu’ils ont prononcé ces paroles, un voile tombe sur mes yeux, j’entends des voix mélodieuses qui chantent mes louanges, bientôt succèdent d’autres hymnes en l’honneur des intelligences, la terre tremble sous mes pieds, le tonnerre gronde, enfin le calme renaît et j’entends Léopold. — Que son bandeau lui soit arraché. Mes regards avides se portent partout et se referment involontairement comme frappés du spectacle imposant qui leur est présenté : le lieu dans lequel je me trouvais actuellement n’était plus la salle triangulaire où j’avais été interrogé ; non, j’étais dans une immense rotonde soutenue par des colonnes de rubis, d’émeraudes, de saphyrs et de topazes ; les bases, les chapiteaux, me paraissaient d’or fin ; le pavé divisé en compartiments, présentait d’admirables mosaïques exécutées en pierres précieuses ; la voûte percée par un grand dôme, s’élevait ornée de mille lustres, partout étaient des lumières ; contre les murs étaient des niches renfermant des statues de marbre, de bronze, et des miroirs qui, réfléchissant tout, triplaient, quadruplaient l’étendue colossale du panthéon ; des vases d’albâtre, de jaspe, de porphyre, garnis des plus rares fleurs, des plus beaux orangers, de lauriers-roses, de myrtes, de grenadiers,