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plus de vraie philosophie. Touché d’un tel reproche, je me remis de ma terreur involontaire, mais ce fut avec plaisir que je m’éloignai de ce dégoûtant spectacle. Après avoir traversé la galerie que j’avais parcourue dans mon précédent voyage, nous arrivâmes enfin dans la salle où j’avais immolé Saint-Clair ; le pavé était encore taché de son sang !… Léopold me dit : — Je vais vous laisser seul, bientôt on viendra vous prendre, et vous suivrez vos guides sans leur résister. Il me lance alors un regard foudroyant, bien différent de celui qui m’avait naguère si fort rassuré, et s’éloigne. Le lieu faiblement éclairé était peu propre à fournir de riantes réflexions ; ma timidité revint chasser mon courage : je pestai contre ma manie de courir après les aventures. Pendant que je réfléchissais, le temps s’écoula. Fatigué par la longueur de la course que je venais de faire, je cherchai de l’œil un siège pour m’asseoir : un grand fauteuil jadis richement doré s’offre à moi, je cours pour m’y placer ; à peine ai-je touché le fond que quatre ressorts partent et saisissent à la fois mes bras, mes jambes et le milieu de mon corps. En un clin d’œil je fus pris au trébuchet ; j’eus beau me démener, j’étais trop solidement attaché pour pouvoir rompre ces étroits liens : Me voilà, me disais-je en moi-même, dans une aimable position ! si ce monsieur Léopold, qui commence à