Page:Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, 1887.djvu/330

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41

poursuivîmes notre chemin, et j’admirai le bel effet produit par ces lampes d’albâtre : on eût dit que nous marchions dans des tombeaux ; vingt fois mon imagination échauffée me montra des ombres silencieuses qui voltigeaient autour de moi. Nous atteignîmes le bout de la galerie. Une autre porte se présente ; et vis-à-vis était, sur un vaste trépied de bronze, un immense tambour ; Léopold le frappa avec sa baguette par cinq fois, et à chaque coup il rendit un son si fort, si lugubre en même temps, que j’en tressaillis. Cinq autres tambours lui répondirent comme les cors s’étaient répondu. La porte s’ouvrit comme celle que j’avais déjà passée, et nous donna entrée dans un salon circulaire, soutenu par une double colonnade de marbre rouge. Une éclatante lumière, dont je ne pus découvrir le foyer, éclairait cette vaste pièce. Là, Léopold s’arrêtant, me dit : — Il faut que vous quittiez l’habit que vous portez, pour en revêtir un qui soit moins remarquable.

Je vis alors venir vers moi quatre jeunes filles, couronnées de roses blanches, portant une corbeille couverte de drap noir, parsemé de larmes d’argent ; après avoir déposé la corbeille à mes pieds, elles se retirent ; quatre jeunes gens vêtus comme Léopold, à l’exception de la plume qu’ils avaient bleue, les remplacèrent, et me déshabillant en diligence,