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enfin, sept de suite se firent entendre ; le dernier me sembla être embouché derrière la porte de fer. À peine eut-il résonné que la porte se leva à la manière des herses : en passant je vis qu’elle était profondément enchâssée dans une rainure ; elle retomba soudain. Nous étions alors dans une longue galerie, assez large, éclairée de distance en distance par des lampes d’albâtre qui pendaient de la voûte où les attachaient des chaînes d’or. Vers le milieu de cette galerie, un obstacle imprévu nous arrêta : un torrent souterrain croisant notre passage, élevait ses eaux au niveau du plancher, dans une largeur d’environ quatre-vingts pas. Léopold ne me parut point embarrassé de franchir cette onde qui courait avec rapidité : il posa son pied sur l’eau, et de quelle surprise ne suis-je point frappé, lorsqu’au lieu de le voir s’enfoncer, comme je le craignais, je le vis marchant d’un pied ferme ! il m’invita à l’imiter. J’avoue que ce fut en tremblant, mais ma crainte fut bientôt dissipée, quand je sentis que je marchais sur un corps solide, placé à quatre doigts du niveau du torrent. Il eût été impossible, à celui qui n’aurait point eu la connaissance de ce secret, de parvenir à l’autre bord. J’avais soin, en avançant, de suivre directement Léopold, pour ne point tomber dans quelque gouffre, si ce pont bizarre n’avait qu’une étroite largeur ; quand nous eûmes atteint la rive opposée, nous