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était sur sa tête ; il était revêtu d’une tunique bleue que ceignait une ceinture noire ; il portait des brodequins couleur de feu, et dans sa main il tenait la baguette d’ivoire à cercles d’or, que j’avais déjà vue chez lui. — Philippe, dit-il en s’apercevant de mon étonnement, toute question vous est interdite ; vous ne devez parler que lorsqu’on vous interrogera. Je m’inclinai en signe d’obéissance. — Bien ! bien ! poursuivit-il, et n’oubliez pas que vous êtes avec votre ami. En parlant ainsi, il toucha de sa baguette le vase d’albâtre lumineux ; à l’instant une fumée épaisse en sortit ; elle remplit la chambre, en augmentant au point de ne rien laisser distinguer ; puis, se dissipant insensiblement, je vis dans le piédestal du vase une porte s’ouvrir, et paraître les premières marches d’un escalier ; Léopold le descendit en me faisant signe de le suivre. L’escalier, en forme de colimaçon, se prolongeait à une très grande profondeur ; je ne doute pas que nous n’ayons mis une demi-heure à le descendre. Quand nous fûmes arrivés à la dernière marche, une porte de fer se présente devant nous : à un crochet, attaché tout auprès, reposait un cor d’argent et d’une forme allongée. Léopold le portant à ses lèvres, en tira par sept fois un son aigu et bref. Dans le lointain j’entendis un autre cor lui répondre : à celui-là en succéda un autre qui me parut plus rapproché, ensuite un troisième moins éloigné encore ;