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PHILIPPE.

Oui.

LÉOPOLD.

Vous ne révélerez rien de tout ce qui pourra vous être montré ?

PHILIPPE.

La première qualité d’un gentilhomme ne doit-elle pas être la discrétion ?

LÉOPOLD.

C’en est assez. Vous ne me connaissez pas, Philippe, vous ne pouvez même pas me connaître encore de longtemps ; mais je ne suis pas ce que je vous parais être, et le voile qui me couvre ne sera jamais déchiré si ma volonté s’y oppose. Ce monde sublunaire, jouet du destin, ce monde, dis-je, voit en moi le plus vieux de ses enfants. Ce discours, je le vois, vous étonne ; il n’est pas temps de vous tout dire, un jour peut-être vous en apprendrai-je davantage ; cependant la nuit a tout couvert de son voile sombre, voici bientôt l’heure où les esprits sortent de leurs retraites, où les pâles fantômes, secouant la poussière du cercueil, errent autour des dernières demeures, tandis que le démon ennemi rassemble les bandes des infâmes magiciennes. L’instant est favorable, voulez-vous me suivre ? Y consentez-vous de votre plein gré ?