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terre, doit nécessairement t’animer davantage ; mais agissons avec une circonspecte prudence. Un terrible adversaire s’élève contre nous, tu reconnais à cette épithète le formidable Léopold ; je ne sais, depuis quelque temps, d’où a pu naître son redoublement de colère contre toi ; mais tu es perdu s’il te retrouve. Je crains que l’asile qui te cache, que le voile qui te couvre ne soient assez obscurs ou épais. Le pouvoir de Léopold s’étend loin ; je crois qu’en moins de vingt-quatre minutes il communique avec la Russie et le Portugal : tout est singulier, tout est inconcevable dans cet homme mystérieux : sous l’apparence de la jeunesse, il cache une âme éprouvée par une longue expérience. Qu’est-il ? D’où vient-il ? Que fait-il ? On l’ignore, et l’on frémit devant lui. Assurément son secours est bien nécessaire au présomptueux Philippe. Sans Léopold, depuis long-temps il dormirait auprès de ses pères, dont, par une fatalité sans exemple, les ossements n’ont point été dispersés, et reposent encore dans leurs tombes à M.... C’est au cimetière de cette ville qu’ils ont été enterrés dans la chapelle seigneuriale.

Trois pièges sont tendus à Philippe : le premier est dans les bras d’Adeline, qui lui communiquera… tu m’entends… Le second doit le brouiller à jamais avec Clotilde Derfeil et son trépas inévitable partira de cette querelle ; le troisième est une manière