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inconnues ; un parfum subtil remplit l’appartement et produit bientôt sur le cerveau un effet indéfinissable. Mon attention fut particulièrement attirée par une sorte de court bâton en or déposé sur une table. Il était orné de caractères mystérieux et muni d’un pommeau formé par une merveilleuse émeraude sur laquelle se voyait sculpté un scarabée. Comme je tenais cette canne pour l’examiner, elle échappe tout à coup de mes mains et à peine a-t-elle touché le sol que des voix mystérieuses se font entendre, sans qu’il me soit possible de savoir d’où elles viennent. Au même instant, paraît Léopold sur le seuil d’une porte que je n’avais pas remarquée jusqu’alors : « Voilà, dit-il en souriant, la punition des indiscrets. » Je m’excuse un peu confus tandis qu’il me fait asseoir et il m’informe, sans attendre davantage, que la personne dont il m’avait parlé se trouvait maintenant en sûreté. Je le remercie avec effusion de l’intérêt qu’il prend à tout ce qui me touche et je l’assure qu’il n’est rien que je ne fasse pour lui témoigner ma gratitude. S’il en est ainsi, me répond Léopold, promettez moi de rompre avec Clotilde ; j’ai vu avec regret votre liaison avec elle, et je ne serai tranquille à votre égard que lorsque je vous verrai hors des liens de cette sirène.”

Puis, comme je fais un geste de surprise, il me dit à quel point cette femme est dange-