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attraits de Célénie et les charmes intimes de Clotilde, bien que sa passion inquiète et jalouse commence à me lasser quelque peu. Mais Louise est si naïve et si tendre, Célie est si bien faite, ses formes dodues et potelées, l’air voluptueux répandu sur toute sa personne excitent si vivement les désirs, Adeline est si canaille, elle apporte dans nos folles parties une verve si endiablée, elle se prête avec tant de complaisance aux fantaisies les plus polissonnes, elle est enfin si experte aux caresses savantes, aux luxurieuses postures, aux mouvements excitants et lascifs, qu’il faudrait vraiment avoir les vertus d’un saint pour ne pas succomber à de telles tentations, et ton ami, tu le sais, n’est rien moins que cela. Ne faut-il pas, d’ailleurs, ô rigide Caton, que jeunesse se passe, assez tôt viendra la froide raison, la vieillesse et ses glaces.

« Nunc est bibendum, nunc pede libero… » Mais où me laissai-je entraîner, je cite Horace comme un crasseux pédant de collège, et j’oublie que je suis gentilhomme.

Pour passer à des sujets plus sérieux, tu te souviens peut-être que j’avais promis à Léopold de l’aller voir. Je fus donc hier chez lui ; on me fait entrer dans une sorte de salon garni d’étoffes et de tapis d’Orient, de meubles aux formes singulières, d’armes étranges et splendides qui permettaient de supposer chez leur propriétaire de lointains voyages en des régions