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était détesté dans le pays, lorsqu’on retrouva son corps, on attribua sa fin à une rixe ou à une vengeance et il n’en fut bientôt plus question.

Pour moi, je fus mariée quelque temps après à M. Derfeil dont je devins veuve au bout de peu d’années ; j’ai retrouvé ainsi une liberté qui m’est chère, mais dont je n’ai peut-être que trop su profiter.

Telle est ton amie, ma chère Justine, tu la connais maintenant tout entière ; je suis parvenue aujourd’hui à cette heure décisive où l’amour de Philippe peut me sauver, comme son abandon me jetterait, je le sens, aux dernières extrémités.

PHILIPPE D’ORANSAI à MAXIME DE VERSEUIL.

« Comment, scélérat, non content de la charmante Célénie, de l’ardente Clotilde, il te faut encore Louise, cette délicieuse petite lingère dont tu n’as pu avoir raison qu’en te présentant pour le bon motif sous les habits de ton valet de chambre, et Célie la jolie rivale de Célénie sur la scène, et Adeline la danseuse ; tu seras donc toujours le même et rien ne pourra t’amender ! » — C’est ainsi, sans doute, que tu me gourmanderais, mon cher Maxime, si tu étais auprès de ton ami. Mais suis-je coupable, après tout, si je ne puis voir une jolie femme sans en devenir amoureux ? J’apprécie sans doute comme il faut les