Page:Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, 1887.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20

sentiment, ses brutales caresses me dégoûtèrent bientôt et je le jugeai promptement pour ce qu’il était, un rustre méchant et cruel.

Sachant qu’un mot de lui pouvait me perdre, il en profita pour me faire subir ses indignes caprices et de sales fantaisies. Cruel avant tout, il prenait plaisir à me fouetter jusqu’au sang avec une verge bien fournie, après m’avoir couchée sur ses genoux et troussée à nu. Il disait que la vue de mes charmes, mes contorsions et mes cris doublaient pour lui la jouissance de ma possession. Mais tu connais trop ton amie, pour la croire capable d’avoir supporté longtemps un semblable esclavage ; aussi je fus bientôt résolue à le tenir en respect, et je pris l’habitude de porter sur moi un petit stylet dont la lame effilée n’en faisait pas moins une arme dangereuse. Un jour que ses menaces m’avaient contrainte à me rendre auprès de lui, il voulut me forcer à prendre la posture la plus propre à lui permettre de satisfaire la sale volupté dont il avait quelquefois l’habitude. Dans ma haine et mon dégoût je le lui refusai absolument. Ce n’est pas qu’un amant délicat ne puisse nous y faire trouver je ne sais quel étrange plaisir. Célie, la séduisante et libertine actrice, dont je fus quelquefois la Sapho lorsque mon imagination déréglée cherchait à réaliser des voluptés inconnues et nouvelles, m’a souvent avoué qu’elle trouvait dans la célébration des