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n’avais-je plus grand’chose à apprendre lorsque j’entrai au couvent, et déjà mes sens troublés cherchaient à mettre en pratique des leçons dont je n’avais que trop profité. Je te rencontrai, chère Justine, je devinai en toi les impressions qui m’agitaient moi-même ; bientôt nous devînmes inséparables et nous n’eûmes plus de secrets l’une pour l’autre. L’amour, ses mystères, ses joies inconnues furent l’objet de nos ordinaires entretiens, et nous ne fûmes pas longtemps à trouver les moyens de procurer quelque soulagement à la fougue de nos sens embrasés.

Que de fois ne me suis-je pas glissée la nuit dans la petite chambre que tu occupais par faveur spéciale, que de fois, ton lit de pensionnaire n’a-t-il pas été le théâtre de nos nocturnes ébats, que de fois n’avons-nous pas renouvelé les fureurs de Sapho, alors que nues et enlacées l’une à l’autre, nous cherchions à assouvir les feux dont nous étions dévorées. Épuisant les postures les plus lascives que pouvait nous fournir notre imagination enflammée, tantôt étroitement unies, nous laissions nos gorges juvéniles se baiser amoureusement, tandis que je cherchais sur ta bouche ton âme enivrée ; tantôt tu me laissais jouir de ces globes rebondis, qui sont une de tes beautés, coussins de l’amour, sur lesquels je me laissais aller et dont le doux contact, les lascifs trémoussements, redoublaient l’ardeur