Page:Rochemond - Mémoires d’un vieillard de vingt-cinq ans, 1887.djvu/304

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15

sait cependant se contenir et ne se livrer à ses sensations qu’autant qu’il le faut pour augmenter encore celles de son partenaire. Avec quel art elle sait prolonger les moments trop courts qui vous élèvent jusqu’aux cieux, comme elle sait graduer la jouissance, mais lorsque l’instant suprême approche et qu’il n’y a plus rien à ménager, c’est une bacchante en délire, qui se livre toute entière, vous enveloppe, vous enlace et par les trémoussements de sa croupe élastique qu’elle sait démener, avec un art incomparable, vous plonge dans un torrent de voluptés, tandis que les expressions les plus incendiaires s’échappent de sa bouche et redoublent votre ardeur. Ah, mon cher Maxime, combien de femmes galantes qui ne sont que des écolières auprès de certaines femmes du monde !

Clotilde Derfeil à Justine de R.

À qui confier le trop plein de mon cœur, sinon à toi, ma chère Justine, ma meilleure, ma plus fidèle, mon unique amie ! l’Amour que je bravais, l’Amour devant lequel je n’avais jamais courbé la tête, se venge avec éclat et me conduit maintenant enchaînée à son char. Oui, j’aime Philippe d’Oransai, je l’aime de toute la passion d’un cœur insoumis jusqu’alors, de toute la force d’un tempérament dont tu connais l’ardeur, et