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mortel qui, pour l’instant, règne sans partage sur son cœur. Comment la chose est arrivée, je ne saurais trop te le dire et nous nous sommes trouvés un beau jour dans les bras l’un de l’autre sans presque nous en douter. Ce n’est pas que j’éprouve pour ma nouvelle conquête une irrésistible passion, mais Clotilde me plaît, elle a su m’attacher et me retenir auprès d’elle et je lui suis reconnaissant de m’avoir sacrifié, sans hésitation, les hommages de tous ses adorateurs. C’est, d’ailleurs, une maîtresse fort désirable, et ses charmes les plus captivants ne sont pas ceux qu’il est permis aux profanes de contempler. Elle gagne fort à être vue dans son alcôve, à la douce clarté d’une lampe d’albâtre,

.....dans le simple appareil
d’une jeune beauté qu’on arrache au sommeil.

Et puis, quelle science du plaisir et de la volupté ! Je me croyais quelque expérience en la matière, Clotilde m’a fait voir que je n’étais qu’un novice mais tu peut croire que j’ai su mettre promptement à profit les leçons d’un tel maître. Que de nuits, mon cher Maxime, passées auprès de cette attrayante maîtresse, nuits d’amour et de folie où la variété de ses attitudes, ses mouvements voluptueux, ses caresses et ses paroles ardentes savent tenir allumé jusqu’au jour le flambeau du plaisir ! Plus emportée que Célénie, Clotilde