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je m’approche et je demande quelle en est la cause, on me répond qu’un homme vient à l’instant d’être tué à cette place. Je regarde et j’aperçois en effet le cadavre, car ce n’était déjà plus que cela, portant encore enfoncé jusqu’à la garde le poignard qui l’avait frappé droit au cœur. L’arme retenait, en même temps, un papier sur lequel se lisaient distinctement ces mots : « Par sentence du Tribunal des Invisibles » Je ne pus douter que ce ne fût l’homme sur lequel Léopold avait statué quelques instants auparavant et faisant presque malgré moi un geste de répulsion, je m’éloignai rapidement de ce lugubre spectacle. En cet instant, et comme si l’on avait deviné les pensées qui m’agitaient, « de quel droit » dit une voix à côté de moi, « condamnez-vous les décrets des Invisibles, sans connaître leurs motifs ? » Je me retourne, je ne vois personne et c’est presque stupide d’étonnement et d’une émotion mal définissable que j’arrive à mon hôtel. J’appris le lendemain que l’individu condamné par le mystérieux tribunal était un scélérat chargé de tous les crimes, instrument principal des horribles noyades de Nantes et dont le châtiment fut un véritable soulagement pour la conscience publique.

LE MÊME AU MÊME.

Tu l’as deviné, mon cher Maxime, Clotilde n’a plus rien à me refuser et je suis l’heureux