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sourire qui achève de me faire perdre le peu de tête qui me reste. J’ai toutes les peines du monde à attendre la fin du spectacle, et la toile est à peine tombée que je suis déjà au foyer. Célénie était fort entourée, mais je joue des coudes, je parviens à l’atteindre et m’inclinant devant elle je lui exprime toute l’admiration que me font éprouver ses talents et ses charmes. Elle me remercie en quelques mots qui me montrent qu’elle n’est point sotte, et je retourne chez moi, ne rêvant qu’aux moyens de gagner ses bonnes grâces. C’est ce que t’apprendra, je l’espère, une prochaine lettre.

LE MÊME AU MÊME.

Nul besoin de te dire, mon cher Maxime, que depuis ma dernière épître, je n’ai pas laissé passer un jour sans aller applaudir Célénie et lui faire ma cour. Je puis l’avouer, sans être un fat, mes attentions, dès l’abord, n’ont pas semblé lui déplaire, et tandis que je faisais de mon mieux pour lui paraître aimable, je m’arrangeais à faire pleuvoir chez elle bouquets et cadeaux. Célénie demeure avec sa mère, une vieille duègne qui n’est, je crois, redoutable qu’en apparence, et je ne désespère pas de trouver le gâteau qui me permettra de fermer la bouche à ce Cerbère édenté.

Hier au foyer, comme j’étais auprès de