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nous fûmes de ceux qui acceptèrent les conditions de la pacification et nous revînmes nous fixer à Nantes, tandis que le duc de Barene ne voulant consentir à aucun accommodement, passait en Angleterre et emmenait sa fille avec lui.

Adieu donc, les camps, la gloire et les batailles, les combats de l’amour vont seuls désormais occuper ma vie et je renonce aux lauriers de Mars pour les myrthes de Vénus. Ô ma céleste Honorée, que d’infidélités tu pourras encore me reprocher, mais malgré les entraînements passagers d’un tempérament fougueux, mon cœur toujours fut à toi tout entier et n’appartint à nulle autre !

Parmi les personnes que nous retrouvâmes à Nantes, je remarquai tout d’abord Madame Derfeil, cette jeune femme dont j’ai eu l’occasion de tracer le portrait dans les premiers chapitres de cette histoire. J’ai dit que si j’avais paru ne pas lui déplaire, elle n’avait point fait sur moi une impression trop favorable. Mais la distinction flatteuse avec laquelle elle m’accueillit, — un homme n’est jamais complètement insensible aux marques non équivoques de la bienveillance d’une jolie femme — eut bientôt raison des préventions que j’avais tout d’abord manifestées contre Made Derfeil ; je lui trouvai, ce qu’elle avait effectivement, de la vivacité, de l’esprit, une imagination ardente et je ne fus pas long-