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Honorée est la seule que j’aie véritablement aimée ; et à cet amour sans borne, se joignaient le respect et l’ascendant irrésistibles que ma céleste cousine avait pris sur mes volontés.

Nous poursuivions notre route, craignant de rencontrer des ennemis. À chaque apparence de danger, c’était dans mes bras qu’Honorée venait chercher un asile ; mais le ciel, qui ne nous avait jamais délaissés, ne nous abandonna point dans ce moment. Au point du jour, nous vîmes de loin flotter dans la plaine un drapeau blanc ; c’était celui de notre armée. Nous nous pressâmes de la rejoindre ; et les transports de nos amis, de mes soldats, le bonheur d’être le sauveur d’Honorée, contrebalancèrent bien dans mon âme les justes reproches que m’adressa le chevalier d’Aut...., sur la légèreté avec laquelle je m’étais éloigné des bataillons, que je n’eusse pas dû quitter. Je me gardai bien de lui répondre. L’armée ne tarda pas à s’ébranler ; et nous arrivâmes au camp de Charrette, où ma mère, glorieuse de mes succès, m’attendait avec impatience.

FIN DU PREMIER VOLUME.