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souffle excitateur. Je n’étais plus à moi ; la dernière barrière était presque franchie, quand, par un effort surnaturel, s’arrachant de mes bras, et se précipitant à mes pieds : „Ô Philippe, Philippe ! aye pitié de ma faiblesse !…

— Honorée, viens auprès de ton époux.

— Cher et cruel ami, ne profite pas de tes avantages. Ah ! par pitié, ne sois pas mon ennemi ; Philippe, oui je t’adore : oui, mon cœur se soulève d’amour quand tes brûlantes caresses le consument, les mêmes désirs se répandent dans tout mon être, je veux t’appartenir tout entière, viens sur mon sein si tu le veux, je ne te résisterai pas, je ne voudrai pas te repousser ; en ce moment je ne suis pas à moi, mais sois grand quand je suis sans défense, ne persiste pas à vouloir ce que je ne peux empêcher ; maître de mon âme, tu peux le devenir de ces charmes que tu vantes, j’appellerai même tes transports ; mais après la fuite du désir, quel sera mon éternel désespoir si je me trouvais moins pure et Philippe moins généreux ?

— Non, tu n’en auras pas en vain appelé à mon honneur ; de quelques voluptés dont je me prive, la plus grande me reste, celle de faire ton bonheur. Oui, mon Honorée, Philippe sera digne de toi ; ta confiance, ton abandon ne seront pas trompés, et l’amour ne sera satisfait que lorsqu’il pourra couvrir ces mystères du voile pudique de l’hymen.