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secours ses infâmes compagnons. Voulant prévenir leur venue, je l’attaque, je le presse ; il tombe à mes pieds ; et dans ma fureur, plongeant sept fois mon épée dans son corps, je m’assure qu’il ne pourra plus me nuire, et qu’il n’est plus à craindre pour nous. Cependant, il fallait s’enfuir pour éviter une mort assurée. Honorée s’arme des pistolets et du sabre de Saint-Clair, et nous courons vers la porte par laquelle le malheureux était entré. Comme nous descendions l’escalier, les cinq satellites appelés par ses clameurs, se présentent devant nous. Il faut les prévenir : une décharge de nos armes à feu, en couche trois sur la terre ; les deux autres s’enfuient. Les passages sont libres, nous sortons du château. Au même instant, une cloche fait entendre son tintement lugubre. Nous ne savions que penser de ce nouvel incident ; mais rien ne nous arrête : nous fuyons à travers la forêt ; et après avoir marché plus de deux heures, la fatigue nous contraignit à nous arrêter. La distance qui nous séparait du mystérieux château nous permit de goûter un repos passager. Je m’assis sur le gazon ; et Honorée se plut à me conter son aventure.

Partie du quartier général pour se rendre à M...., en entrant dans la forêt, sa faible escorte fut assaillie par une douzaine de coups de fusil. Ses trois soldats ne furent point atteints ; mais croyant avoir donné dans une embuscade, ils prirent honteusement la fuite, la laissant au