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tement ; une lampe lui prêtait sa clarté vacillante ; Honorée pleurait. Mon nom ne tarda pas à s’échapper de sa bouche ; elle m’appelle ; j’allais paraître, quand Saint-Clair entra dans la salle. Ce vil scélérat s’approchant de mon amie : Madame, c’en est assez, lui dit-il, je vous ai laissé un temps que j’ai vivement regretté, pour vous engager à ne point opposer de résistance à mes désirs : je ne retarderai pas davantage ; vous êtes en mon pouvoir, il faut que je vous possède ou que je vous immole…”

— Ah ! Saint-Clair, lui répondit ma cousine, que votre pitié me donne la mort ; aussi bien je ne pourrai survivre à l’odieux attentat que vous allez commettre…

— Vous y survivrez.

— Non, tu ne m’approcheras pas, misérable, je me défendrai jusqu’au dernier soupir… Ô cher Philippe, que n’es-tu ici !

— Vous l’appelez en vain, il est tombé sous mes coups…

— Non, monstre, m’écriai-je en paraissant le fer levé, tu ne m’as point assassiné ; je vis, et je vis pour venger la beauté et l’innocence.

À mon aspect, Honorée a vu luire l’espoir. Malgré ma finie, j’attendais que Saint-Clair se mît en défense ; mais le lâche voulait se sauver. Je lui barre le passage ; je le contrains à s’armer ; forcé de défendre sa vie, il se met à pousser des cris qui doivent attirer à son