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sentant point blessé, je repris quelque courage. Heureux que les pistolets que je portais ne fussent point partis ! Mais en quel lieu me trouvai-je ! une épaisse obscurité m’environnait, je ne savais de quel côté me tourner. Cependant, ayant touché le mur à tâtons, je reconnus que j’étais dans un souterrain peu étroit, et s’étendant devant et derrière moi. Je m’avançai au hasard, me guidant néanmoins par la direction du pavé qui, s’élevant devant moi, me marquait le côté par où je pouvais espérer de trouver une issue ; l’humidité régnait dans ces caves, où jamais ne pénétra un rayon bienfaisant du Dieu de la lumière.

Je fus arrêté dans ma course par une porte qui me parut être d’abord un obstacle impossible à vaincre ; mais le temps avait combattu pour moi : la porte pourrie tombait par pièces à chacun de mes efforts ; et je ne tardai pas à pénétrer dans une salle voûtée, solidement carrelée, recevant quelque peu de jour par une ouverture grillée placée à son extrémité supérieure, et par où se glissait en ce moment la pâle et froide lueur de la lune. À un des bouts de cette salle s’élevait un large escalier, qui montait dans les étages du château. Quand je vis que les obstacles qui s’opposaient à ma délivrance n’existaient plus, je ne pus me refuser à un moment de joie qui fut bien court. Quand je me rappelai la situation de la vertueuse Honorée, ne me laissant pas abattre