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Ce spectacle affreux m’intimida malgré moi ; je commençai alors à m’apercevoir des suites de mon inconséquente conduite qui m’avait fait entrer dans un lieu où vivaient sans doute les brigands ; mais il n’était plus temps de se retirer, il fallait affronter le danger pour qu’il devînt moins périlleux, et voulant profiter des dernières lueurs du jour, je me pressai d’arriver au haut de la tour. Je ne fus pas longtemps sans apercevoir dans l’éloignement une femme à cheval, vêtue en amazone, et suivie de trois soldats armés qui paraissaient lui servir d’escorte.

Mon cœur, plus encore que mes yeux, me fit reconnaître Honorée ; je ne fus pas peu joyeux du nombre de ses défenseurs, que je crus plus que suffisant pour en imposer à Saint-Clair et à sa troupe ; je descends, avec promptitude, l’escalier pour aller rejoindre ma cousine. Quelle fut ma nouvelle surprise, quand, en passant auprès de la salle qui m’avait présenté un si odieux tableau, je n’aperçus plus le cadavre qui, il y avait si peu de temps, affligeait mes regards ? Je fus étonné, et en même temps presque effrayé, car ceux qui avaient enlevé le corps mort ne pouvaient pas être éloignés, et avant d’avoir rejoint Honorée, il me faudrait peut-être soutenir un combat dont les chances ne m’étaient pas connues. Armé toujours de mes pistolets, je continue à descendre avec précaution, lorsqu’au bas des