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on a besoin de repos ; quand on a besoin de repos on cherche à s’asseoir ; quand on veut s’asseoir, et qu’on trouve un frais gazon, on se couche ; quand on se couche…

Le diable est si malin, et nous sommes si faibles ! Voilà ce qui arriva et ce qui est arrivé, je gage, à tous mes lecteurs et lectrices. Oui, madame, vous avez beau me faire la mine ; mais si vous avez mis le pied dans un bocage avec l’objet de votre préférence, assurément vous en êtes ressortie, mais avec du plus ou du moins, suivant votre position de dame ou de demoiselle. Madame d’Hecmon gronda beaucoup le téméraire Alexandre ; comme elle était courroucée, il fallut l’apaiser. Comme Alexandre avait dix-huit ans, ainsi que nous l’avons déjà dit, la justification fut longue ; quand il n’y eut plus de raisons à donner, ni d’excuses à recevoir, on se rappela que la lourde diligence avait fort bien pu arriver sur la hauteur, on courut pour la rejoindre ; mais comme lorsqu’on est occupé le temps passe avec une vitesse inconcevable, malgré la dispute des voyageurs, la marche lente de la voiture, la hauteur de la montée, l’instant de repos, on avait eu le temps d’attendre nos promeneurs. Le chanoine marmottait entre ses dents des mots qui n’étaient point dans son pseautier. La vieille dame ayant placé sur ses petits yeux de grandes lunettes, parcourait quelques chapitres de Marie Alacoque ; le magistrat tout à coup épris des charmes de