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alors qu’auprès de moi j’entends les pas de deux individus. Bientôt une voix se fait entendre : « Arrêtons-nous, » dit elle, « attendons ici la nuit… » J’ai reconnu Saint-Clair !!… Tapi sous la feuille, retenant ma respiration, je redoute d’être aperçu par ce scélérat, accompagné de cinq brigands comme lui ; quatre, vaincus par la fatigue, se couchent sur le gazon, et ne tardent pas à s’endormir ; le cinquième, s’asseyant auprès de Saint-Clair, commence ainsi une conversation dont je ne perdis pas un seul mot. « Ces damnés royalistes, comme ils nous ont battus ! »

SAINT-CLAIR.

Quelle est ma colère ! ils m’ont accablé pour toujours. Oh ! qu’il est grand le désir de vengeance qui m’anime contre eux !

LE BRIGAND.

Le citoyen représentant t’a bien maltraité.

SAINT-CLAIR.

M’attribuer notre défaite ! me destituer ! Ah ! qu’il tremble, lui et ceux qui sont les causes premières de ces humiliations.

LE BRIGAND.

Je gage que tu en veux davantage aux royalistes !