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ruisselle du sang d’Emanuel et de M. de Mersan, sur les lèvres décolorées de Célénie… À cette dernière horreur, son corps frémit, ses membres se roidissent, et son ame se hâte de quitter sa dépouille mortelle[1].

Une clameur générale d’indignation s’élève de toutes parts à la nouvelle de cette atroce férocité ; mes pleurs ne peuvent cependant me priver de courir à la vengeance. Pareil à la foudre, mon escadron fond avec rapidité sur l’escadron barbare : rien ne nous résiste ; tout est vaincu, tout est immolé, et l’assassin perd la vie, qu’on eût voulu pouvoir lui arracher mille fois. Le combat n’est plus qu’une déroute : partout chargés, partout les républicains succombent. On les poursuit, on les accable ; et c’en était fait de cette armée, si une division, commandée par le généreux Hippolyte, ne fût arrivée à propos. Ce fut auprès de lui que quelques bataillons trouvèrent une retraite. Nos jeunes courages demandaient à attaquer sur-le-champ ce nouvel ennemi ; mais le chevalier d’Aut...., prudent après une victoire, ne voulut point s’exposer à combattre des troupes fraîches, et dont le nombre était ignoré. Hippolyte, de son côté, se voyant inférieur aux colonnes royales, se retira en bon ordre, content d’avoir sauvé les débris des escadrons victimes de l’inexpérience de Saint-Clair. Après

  1. Historique.