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prendre le commandement : „Pressez-vous, nous dit cet homme couvert de poussière et harassé de fatigue ; le général républicain Saint-Clair, furieux de l’échec qu’il a essuyé sous les murs de M...., ayant appris que quelques Vendéens s’étaient retirés dans le château du vicomte de Marceuil, vient d’en entreprendre le siége. M. le vicomte, loin d’être environné des braves Vendéens, est seul avec sa famille ; mais il n’a point voulu se rendre, et s’est mis en état de défense.” Ce discours nous enflamma : nous n’osions espérer que M. de Marceuil pût se soutenir longtemps contre des forces tant supérieures, et nous résolûmes de le venger, s’il avait succombé dans sa généreuse entreprise. Nos soldats, partageant nos mêmes sentimens, nous demandent avec impatience de les conduire au secours de ce noble Français. Leur ardeur étant la nôtre, nous nous avançons à marche forcée vers le lieu où nous allions combattre de nouveau. De toute part s’élevaient des cris d’indignation : nos troupes, vêtues de gris, portant sur leurs camisoles une croix blanche, marchaient, la tête basse, dans un morne recueillement, interrompu par leurs accens de menace ou par des chants religieux qu’entonnaient les prêtres dont nous étions suivis ; chaque brigade se divisait en paroisses, qui toutes avaient leurs chefs et leurs bannières particulières. Partout régnait l’ordre, le courage et l’amour de la religion. Fermement convain-