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verser un torrent de larmes pour attendrir mon amante ; et celle-ci, faible comme l’est une femme qui vient de tout accorder, me permit de signer la paix par de nouvelles folies. Il était près de onze heures lorsqu’on put pénétrer dans ma chambre. Joséphine fut retirer la pièce fatale que Jenni avait prise dans la nuit ; et pour qu’elle ne pût recommencer ses audacieuses tentatives, on eut grand soin, la nuit suivante, de se mieux précautionner. M. de Barene ne tarda pas à se rendre chez moi : la veille, il était venu également. Je l’assurai qu’avant quatre jours je pourrais me rendre à mon devoir. Il me dit que c’était avec regret qu’il allait me quitter, mais qu’il voulait achever de nettoyer le pays circonvoisin des bandes républicaines qui avaient l’imprudence de s’y montrer encore. Je fus établi gouverneur de M...., et chef suprême des paroisses qui formaient l’arrondissement. Ce fut avec une peine réelle que je vis partir mon oncle : depuis ce jour, je ne l’ai plus revu. Pendant tout le temps de la guerre, il combattit loin de moi ; et lors de la pacification, il avait, depuis quelques semaines, quitté le territoire français. Je reparlerai de lui lorsqu’il sera nécessaire.

Mes occupations militaires employèrent toute ma journée. Ma blessure était trop légère pour me priver de faire aucun mouvement. Je parcourus la ville : je faisais rendre justice aux