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parties de ce corps parfait reçurent mes hommages. Et vous surtout, vous, aimables coussins de l’amour, vous qui faites la réputation d’une Vénus, vous fûtes encensés par moi ! Si l’encens ne fuma point sur votre autel, il se glissa à travers la route étroite que vous formez pour aller se répandre dans le sanctuaire voisin… Comme tu savais bien aimer, ô Joséphine ! Comme tout ton être respirait la sensibilité, le délire ! Avec quel charme je pressais ce blanc satin qui te pare partout ! Comme tu étais belle ! Tes fesses polies, arrondies, par de flexibles mouvemens, rallumaient à chaque minute le flambeau de l’amour… Je le crus, dans tes bras, un instant inépuisable… Le sommeil réparateur succéda enfin à cette si jolie lutte. Le lendemain, à mon réveil, je me trouvai le front appuyé sur le sein de mon amie. Par de nouvelles caresses, je cherchai à l’éloigner de Morphée ; et lorsqu’elle ouvrit les yeux, nos êtres s’unissaient pour la huitième fois… Moment céleste, où après avoir goûté, pendant une nuit, les plus douces extases, on voit se rouvrir l’œil amoureux de sa jeune amie !… La pudeur, le désir se combattent dans son ame. Elle veut se dérober à la lumière, qui la fait rougir ; mais bientôt vos discours, vos tendres attouchemens, font disparaître la timidité. Elle s’abandonne sans réserve ; et la volupté impétueuse triomphe de la décente candeur.