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briquet qu’on avait posé sur la cheminée, et je tire du feu. Mon impatience me servait mal ; mon briquet heurtait mes doigts, l’étincelle fuyait l’amadou. Enfin, je parvins à remplir mon but. La lampe allumée, je parcours la chambre ; je relève la table. Je ramasse les débris du vase cassé ; mais je ne vis pas ce que j’aurais dû voir. Les portes sont soigneusement visitées.

Mes recherches terminées, alors je reviens auprès de Joséphine. Qu’elle était jolie ! Elle me souriait avec langueur, et me dit de poser la veilleuse. Je lui obéis si maladroitement que je laisse tomber la lumière sur le plancher ; et nous voilà de nouveau dans l’obscurité. Fut-ce par maladresse que j’agis ainsi ? Non, non ; je savais bien ce que je faisais. Dans les ténèbres, on se dirige mal. Le premier lit touché me semble être le mien… J’y entre, malgré une légère résistance : malgré une plus forte, je m’établis où vous savez… Quelle nuit ! Dans quels torrens de flammes fus-je transporté ! Quelles caresses incendiaires ! quelle voluptueuse résistance, pour m’enivrer davantage ! Combien elle me coûta à cueillir, cette rose enviée !… Les larmes les plus vraies accompagnèrent mon triomphe… Oui, je souffris trop moi-même, pour n’être pas convaincu de la présence du bouton… Mais, après ces délicieuses douleurs, qu’ils furent vifs les plaisirs qui leur succédèrent. Toutes les