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depuis que, me croyant seul, et comme elle logeait dans la maison, l’étourdie avait cru pouvoir, sans causer de scandale, venir faire une seconde visite à celui qui l’avait faite porte-drapeau. Je dirai ici une fois pour toutes, que souvent, lorsque je raconterai quelqu’aventure galante, je brusquerai tantôt le commencement, tantôt la fin, ne voulant pas fatiguer le lecteur par les perpétuelles répétitions que le sujet nécessite. Je ne filerai pas dans ces Mémoires telle intrigue qui, dans la vérité, m’a coûté six mois de soins, et dont je ne détaillerai que l’essentiel.

Après la tempête, le calme se rétablit : mais l’occasion était perdue. Joséphine s’était réfugiée dans son lit, vivement épouvantée d’un tapage dont elle ne comprenait pas les causes. Je pestais contre le sort qui, m’ayant d’abord offert deux bonnes fortunes, s’était plu à me les ravir en même temps. Joséphine, cachée sous la couverture, ne soufflait pas : à mon tour, je feins d’être inquiet. — „Dormez-vous, lui dis-je ?”

— „Hélas ! non, je meurs de peur.”

— „Craindriez-vous quelque danger ?”

— „Il doit y avoir quelqu’un dans la chambre.”

— „Si je le croyais ?”

— „Je le crains.”

— „Je vais vous rassurer.”

Je dis ; et voulant contraindre Jenni à s’enfuir, si elle n’était point partie, je prends un