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courir partout pour répandre que je voulais toujours combattre même lorsque j’étais blessé.

Ce contre-temps me déplaisait néanmoins, puisqu’il devait éloigner de moi Joséphine ; et, je l’avoue, je désirais ardemment sa possession. Le soir, quand il fallut se coucher, cette aimable personne, paraissant oublier l’événement de l’après-dînée, me recommanda d’être tranquille, de ne point craindre de la réveiller, si ma blessure me donnait quelque inquiétude. Je pris sa main, que je baisai fort respectueusement. À ce début, Joséphine crut que j’allais commencer un troisième assaut ; mais la fatigue l’emportant sur les désirs, je m’en tins à cette simple politesse ; et, fermant les yeux, je ne tardai pas à m’endormir.

Je reposais depuis quelque temps, lorsque je fus tiré de mon assoupissement par l’approche d’un corps bien frais, bien ferme, qui, silencieusement, se plaça auprès de moi. Je l’avoue, mon amour-propre me fit deviner que c’était Joséphine : et malgré que je trouvasse quelque irrégularité dans cette démarche peu réfléchie, je ne laissai pas de me préparer à traiter de mon mieux celle qui me rendait une telle visite. Comme j’étais dans un état fort brillant, je ne perds pas une minute : mais croyant que le temple qu’on m’offrait n’avait pas encore été visité, j’en entr’ouvre avec délicatesse les deux portes de corail, je m’avance, et ne tarde point à découvrir que si